Jean-Luc Roquet
Hypnothérapeute, Thérapeute systémique & Tabacologue

L'âne du champ d'à côté


 

Article publié en décembre 2013 sur hypnoblog, le blog d'un hypnothérapeute

Une manière de se comprendre soi-même est de prendre conscience des processus sensori-émotivo-cognitivo-ruminatoires qui nous font agir. Houlà, que dis-je ?!

Bon d’accord, je vais tenter de rendre ces notions plus concrètes !

Je suis assis dans le salon, je lis. Je suis seul dans la maison. Je profite du calme pour m’absorber dans ce roman dont je repousse la lecture depuis longtemps… plusieurs mois. Seuls quelques bruits familiers rythment ce moment : le tic-tac de la pendule, dans la cuisine, le ronron du réfrigérateur. Des sons identifiés comme rassurants.

Après quelques minutes, un son venu de l’extérieur attire mon attention. Le braiement de l’âne du champ d’à côté ! «Ah non, alors, il va pas s’y mettre celui-là ! Je sais, j’habite à la campagne, je l’ai voulu, choisi, mais là, non, c’est MON moment, je ne veux pas le laisser gâcher par ce hi-han incongru !»

Que se passe-t-il ?

Moi, je suis absorbé dans un monde intérieur, celui de l’histoire du livre. Les sons de ma maison m’indiquent que je suis en sécurité et que je peux relâcher ma vigilance pour lire.

Puis un animal émet une vibration portée par l’air jusqu’à mon salon. Mon cerveau (organe fait pour assurer ma survie) capte cette vibration non-identifiée. Donc un danger potentiel. En fait, je n’entends pas ce son. Mes oreilles captent la vibration. Elle est transmise par une succession de mécanismes jusqu’à mon nerf auditif. Cet influx nerveux est ensuite traduit par mon cerveau en informations. Le son naît donc dans ma têtePuis je l’identifie comme connu (ah, c’est l’âne du voisin !), donc ce n’est pas un danger. Mais le dialogue interne va rester branché sur le dérangement causé. Et je perds le fil de mon livre, j’en veux à l’âne de gâcher ce moment !

Même si nous n’avons plus guère de raisons, dans nos vies modernes, de nous sentir en insécurité, nos archaïques systèmes de survie sont toujours actifs, malgré nous.

Si je reprends à présent l’expression du début, cela devient-il plus clair ? Mes oreilles ont capté une vibration inhabituelle (élément sensoriel), cela déclenche une peur d’un danger (élément émotionnel), qui est traduite par une identification (élément cognitif). Ensuite, je laisse mon dialogue interne (élément ruminatoire !) le petit vélo dans la tête, en roue libre, et je continue, tout seul, de saboter moi-même ce moment de calme.

Si ma réalité est celle-ci, celle de l’âne est sans doute très différente. Lui, il est dans son champ, il broute, ou que sais-je encore. Le fils de son propriétaire lui apporte du pain sec, dont il raffole, et de joie, il se met à braire !

Que puis-je faire, alors, pour continuer de lire tranquillement, si cela se reproduit ?

Je peux travailler sur ma sécurité intérieure, je peux également agir sur mes peurs, je peux aussi œuvrer à guider ce vélo intérieur, pour en avoir la maitrise, et ne pas le laisser me dominer.

Cela passe inévitablement par la prise de conscience de ce qu’il se passe en moi, par l’observation de soi-même…


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