Jean-Luc Roquet
Hypnothérapeute, Thérapeute systémique & Tabacologue

Le droit à l'erreur


Article publié en mars 2015 sur hypnoblog.overblog.com

 

J’ai senti hier, par deux fois, mon crâne se hérisser du peu de cheveux qu’il me reste !

Dans un reportage télévisé, le candidat d’un concours, filmé en pleine action disait tout haut : « J’ai pas le droit à l’erreur ! ».

Dans un journal, un artisan très réputé de la gastronomie française qui souhaite développer son activité dans un pays asiatique, déclare : « Il y a dans ce pays une vénération du terroir français, mais on n’a pas le droit à l’erreur. »

Il s’agit d’une expression toute faite, prononcée dans le feu d’une action, ou dans une interview. Une phrase entendue souvent, comme une antienne qui reflète un mode de pensée. Cette idée que se tromper est une faute condamnable m’est insupportable. Comment laisser croire, dire, écrire ces mots qui infligent à celui qui les pense une pression, une exigence de la performance. J’ignore comment s’est inscrite dans la pensée humaine cette utopie du perfectionnisme, même si l’éducation occidentale, héritage d’un passé religieux lourd et rigide déniant les émotions, y prend sans doute une part importante.

Ce que je constate dans mon cabinet, ce sont les dégâts que cette illusion provoque dans la psyché de beaucoup de mes patients. Lorsqu’ils mettent en perspective les symptômes qu’ils présentent à l’âge adulte avec la pression de la réussite vécue dans leur enfance, ils comprennent mieux comment ils ont été enfermés dans un despotisme qu’ils ont repris à leur compte, poursuivant un travail de sape qui a des effets pervers. Car cette exigence mène à des conduites de sabotage, lorsque la personne s’aperçoit qu’elle ne peut atteindre la perfection, elle préfère abandonner plutôt que d’échouer. S’ajoute alors le plus souvent à la difficulté ressentie celle de la culpabilité d’avoir renoncé. Un cercle infernal qui autoalimente un déficit de l’estime de soi.

On attribue à Sénèque cette phrase : « Errare humanum est ». Ce philosophe avait compris déjà à son époque ce que la pédagogie moderne confirme : l’erreur d'un apprenant est un phénomène normal et constitutif du processus d'apprentissage. L'apprenant apprend et progresse selon une méthode d'essai-erreur. Les neurosciences se sont penchées sur ce phénomène, et ont révélé que le processus d’apprentissage ne s’inscrit dans le système nerveux que par une succession d’erreurs. C’est en effet cela qui permet le développement des neurones.

Je conclue ce cri du cœur par une phrase que je prononce souvent dans les formations que j’anime : « Trompez-vous, c’est le meilleur moyen d’apprendre ! »


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