Jean-Luc Roquet
Hypnothérapeute, Thérapeute systémique & Tabacologue

La stratégie du tadorne


Article publié en juin 2015 sur hypnoblog, le blog d'un hypnothérapeute

Je rentre chez moi en ce beau début de soirée de fin de printemps. Des chemins qui raccourcissent la distance. Dans le marais, sur le bitume, à quelques dizaines de mètres, une famille d’oiseaux palmés, un peu plus grands que des canards. Deux adultes et six oisillons marchent et se dandinent. Je les trouve beaux, blancs, des bandes noires sur les ailes leur font comme un débardeur… Ce sont des tadornes de belon, première fois que j’en observe de si près.

Je roule doucement pour ne pas les effrayer, mais à l’instant où ils détectent la présence de la voiture, il y a d’un seul coup un grand remue-ailes. Un adulte court vers le fossé à grand renfort de cancanements, attirant les jeunes à sa suite pour se cacher dans l’urgence des hautes herbes, tandis que l’autre décolle presque droit sur moi. Puis il vole en suivant ma trajectoire, comme pour me poursuivre de son ire. Je comprends qu’étant pour lui un prédateur possible, il attire mon attention par son vol pour la détourner de ses petits au cas où je m’en prendrai à eux. Il me suit longtemps, quitte à s’éloigner de sa famille. Et en effet, mon regard admire son vol gracieux et énergique. Lorsqu’il estime ma distance assez importante, il opère un virage majestueux pour retourner d’où il vient, signaler que le danger est passé…

Tout à l’émerveillement de cet instant tel que cette région en offre souvent, dans une nature encore assez sauvage, je ne peux m’empêcher de faire une analogie avec le fonctionnement psychique de l’humain. Une des stratégies d’évitement de nombreuses personnes est l’activité physique, l’effervescence intellectuelle, le mouvement, le bruit intérieur, le dialogue mental. Tout est bon alors pour détourner l’attention d’une difficulté émotionnelle consciente ou non, qui pourrait représenter un danger… Lequel ? La souffrance morale, les sensations inconfortables, que l’on ne comprend pas, que l’on ne sait pas s’expliquer. L’agitation alors semble être la moins mauvaise solution. Parfois même, attirer l’attention de l’autre, en battant des ailes ou en attaquant. Tout, plutôt que de prêter le flanc à ce qu’il se passe dedans. C’est une façon de faire qui a ses limites. On finit par s’épuiser, ou la pression interne devient trop forte. Dans les deux cas, il y a une solution : S’occuper de ce qui s’agite à l’intérieur. Quand on se penche dessus, on s’aperçoit que c’est juste un oisillon qui bat des ailes parce qu’il n’a pas appris à voler…


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