Article publié en janvier 2016 sur hypnoblog, le blog d'un hypnothérapeute
J’ai, en ce début d’année, envie de partager une réflexion, issue de la discussion que j’ai eue avec mon fils le plus jeune, Benjamin, il y a quelques jours.
Il a choisi une voie scolaire artistique, parce que c’est un domaine qu’il apprécie, et qu’un des crédos de ses parents a toujours été : « Fais ce que tu aimes faire ! ». Nous avons toujours encouragé, et soutenu, nos enfants à suivre leurs centres d’intérêt, leurs passions, plutôt que de se projeter dans un plan de carrière raisonnable… et probablement ennuyeux.
C’est un choix que nous assumons pour nous-même, qui nous réussit, et réussit aussi à ses frère et sœur aînés.
Benjamin me fait part de sa surprise, quand lors d’une discussion animée avec son professeur d’anglais, celui-ci s’étonne que ses élèves, dans cette classe de Terminale “Arts plastiques“ se soucient davantage de leur culture que de leur futur emploi. Cet enseignant les met en garde contre les temps difficiles, la crise, la dure loi du marché du travail. Il insiste sur la nécessité de faire des choix stratégiques, pour s’orienter vers des secteurs porteurs, et ainsi être (presque) sûrs d’avoir un travail ! Mon fils n’est pas habitué à ce discours et s’interroge, non pas sur ses propres choix, dont il est convaincu, mais sur la souffrance de cet enseignant, qui avoue à sa classe ensuite avoir choisi lui-même cette voie par sécurité plutôt que par passion…
En cet instant, je me félicite de la clarté d’esprit de mon enfant, (et accessoirement de mon bon sens de parent !). Et je pense à toutes ces personnes qui me consultent parce qu’elles ont l’impression de s’être trompées de vie ! Quand elles m’arrivent, elles sont dans la souffrance en faisant le constat qu’elles sont en contradiction totale entre la réalité de leur situation professionnelle et leurs rêves d’adolescents. Je suis étonné, très étonné même, lorsque l’on me dit : « De toute façon, je fais ce boulot, mais je n’aime pas ce que je fais, moi j’aurai préféré faire autre chose, mais bon, faut bien gagner sa vie, hein ?… ». Une notion récurrente est que notre monde est séparé en deux : d’un côté le travail, de l’autre la vie !
Le travail, d’un côté, avec tout ce que ce concept recouvre de contrainte, d’absence de choix, de dureté, de manque de liberté, de fatalisme, de fatigue, d’obligations, de soumission à une autorité, synonyme de stress, de manque de sommeil, de tâches répétitives, synonyme aussi souvent de pression familiale, de loyauté envers les désirs des parents : « Mon père me voyait avocat » ; « Ma mère a voulu que je sois comptable ». Les peurs paralysantes, les angoisses véhiculées par le système créent des individus préférant faire un travail qui leur déplait, plutôt que de se sentir bien dans leurs choix !
La vie, de l’autre côté, avec les rêves de ce que je pourrais peut-être faire un jour, tout ce que j’ai envie d’accomplir, que je rêvais de faire quand j’étais petit, mais auquel je n’ai pas droit, parce que je dois travailler…
Ce clivage remplit les cabinets de thérapeutes. Il provoque à un moment donné de la vie d’une personne des conflits internes qui peuvent devenir insupportables, lorsqu’elle fait le constat qu’elle passe à côté d’elle-même.
Je veux porter ce message que la vie est compatible avec le travail, que l’on peut travailler dans le plaisir et la passion. Je le sais personnellement, quand après avoir frôlé le burn-out, j’ai fait le choix de changer de voie pour faire ce que j’avais (trop) longtemps rêvé de faire. Je le sais également pour les personnes que j’accompagne, lorsqu’après un parcours thérapeutique, elles font des liens, les dénouent, et comprennent qu’elles ont le choix, désormais…
Et si, plutôt que de rêver notre vie, nous vivions nos rêves ?...