Déambuler dans les rues d’un quartier de Paris. Où l’on mesure la richesse de la diversité humaine.
Le temps d’une journée, venu pour un déménagement d’étudiant, en ce début d’été, il fait beau.
19ème arrondissement ; on y trouve le 104, lieu d’échanges artistiques, avec ses danseurs de hip-hop qui s’échauffent, son activité de ruche colorée et bruissante.
Plus loin, non loin, sur un trottoir, un couple semble s’agiter, se disputer ; le jeune homme tourne autour de la jeune femme, faisant de grands gestes… une dispute amoureuse ? Non pas, en approchant, l’on remarque que le garçon s’applique à dire les mots, fort et clair. Je fais le lien avec cette conversation captée par bribes au café tout à l’heure. Au téléphone, une femme disait qu’elle partait pour une scène, et qu’elle devait encore revoir son texte. Sur l’autre rive de la rue, plusieurs de ces couples agités, absorbés, sont en répétition. Nous sommes devant le cours Florent, si réputé, où tant d’acteurs célèbres ont fait leurs armes !
Je poursuis mon errance. Ici, la tolérance semble être une philosophie. Des Rabbis en papillote croisent des mamans Africaines en boubous. Des ados de toutes couleurs de peau jouent ensemble ou s’apostrophent joyeusement. Un épicier libanais discute sur son pas de porte avec le gérant du restaurant japonais voisin. Des cadres pressés (il y en a toujours !) attaché-case en main, portable de l’autre, oreillette et consignes orales à quelque collaborateur lointain, marchent à grands pas, slalomant entre enfants et poussette-caddies. Une vieille dame trainant derrière elle son chariot de course, avance en prenant son temps. Une parisienne de naissance ? En tous cas depuis longtemps, sans doute, à voir son pas assuré.
Je traverse un carrefour. Bien que vert pour les piétons, le feu rouge des automobilistes semble n’être d’aucune utilité ici ! Chacun pour soi. J’atterris de l’autre côté au prix d’une course digne d’Usain Bolt !
Venant face à moi, un vieux petit monsieur asiatique, barbiche blanche. Il marche en claudicant. Je le trouve attendrissant, et ne puis empêcher l’élargissement du sourire que je porte en visage depuis un moment. Son regard capte le mien. J’alentis mon pas, nous nous croisons. J’ai le temps de voir son sourire fleurir. Un sourire plein d’humanité, de sagesse et de bonté, me semble-t-il.
Quelques secondes, une complicité, un lien qui se créé. Je ne reverrai sans doute jamais cet homme. Mais cet instant a planté un germe. Celui d’un moment plein de magie. Un petit moment d’éternité…